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9 août 2017 | 16:16 CET

« Le projet de Bordeaux à horizon 2030 et 2050 doit être maintenant pensé, écrit et partagé »

Alain Juppé, Bordeaux
Par Business Immo Staff
Business Immo

Business Immo : Quel bilan urbanistique tirez-vous depuis votre arrivée à la tête de la ville de Bordeaux ?
Alain Juppé : Je crois qu’il faut séparer nettement trois phases. La première couvre les années 1995-2005. C’est le moment où est en place le projet urbain que nous mettrons 20 ans à réaliser et qui est en passe de se terminer aujourd’hui. Ce projet urbain était simple. L’identité d’abord : la Ville, bien que somptueuse, portait son patrimoine comme on porte sa croix. Il fallait de toute urgence trouver les moyens de restaurer, non pas le seul grand patrimoine historique et religieux, mais tous les patrimoines, sans exclure le patrimoine vernaculaire des échoppes bordelaises.
Pour corriger le déséquilibre entre les rives, le projet urbain proposait de créer un nouvel axe de développement nord/sud, le long de la Garonne depuis la gare, puis bifurquant par les Bassins à flot pour aboutir au Lac. Tous les quartiers à venir, qu’ils soient rive gauche ou rive droite, s’accrocheraient ainsi à l’eau. Il fallait enfin rendre à Bordeaux son rôle perdu de cœur d’agglomération, mais également de grande métropole.
Les instruments de ce projet urbain sont connus. Le tramway bien entendu : il s’est révélé un extraordinaire outil de transformation urbaine. Le deuxième outil au service du projet urbain a été bien entendu l’aménagement des quais, conçu par le paysagiste Michel Corajoud et réalisé entre 2000 et 2009. Enfin, le troisième outil, et non le moindre, a été la construction de deux ponts (trois si l’on compte le nouveau pont ferroviaire) permettant de désenclaver Bordeaux. Certes le pont Chaban-Delmas, au nord, n’a été achevé qu’en 2013 et le pont Simone-Weil, au sud, ne le sera qu’en 2020, mais la décision de leur construction et de leur emplacement a été prise en conseil de communauté en 1998 ! On connaît les résultats : le retour de l’investissement privé, l’arrivée en 20 ans de 40 000 habitants supplémentaires, nous permettant de tenir nos prévisions démographiques de 300 000 habitants en 2030 pour la ville-centre, le classement de la quasi-totalité de la ville au Patrimoine mondial de l’humanité en 2007, la multiplication par trois du nombre de touristes entre 2000 et 2015, la moisson de labels...
Je considère qu’une deuxième phase de l’histoire urbaine de Bordeaux s’ouvre en 2005-2006 avec le lancement de quartiers nouveaux. Ces opérations, largement avancées pour certaines, ont été pensées dans leur mode opératoire et leurs gouvernances, de manière très pragmatique. Au nord, au bord du Lac, l’ancienne opération lancée par Jacques Chaban-Delmas en 1975, disposait encore de 26 ha non aménagés. La création d’une ZAC dénommée Ginko a donc été décidée et confiée à Bouygues immobilier. Elle est aujourd’hui dans sa dernière phase de réalisation. Plus au nord, le grand quartier des Bassins à flot, pour lequel nous ne possédions pas de foncier public, a fait l’objet d’un plan d’aménagement d’ensemble (PAE). Cette opération entre aujourd’hui dans sa dernière phase et 4 500 logements sont d’ores et déjà achevés sur un total prévu de 5 500.
De l’autre côté de la Garonne, le quartier de Brazza démarre, en régie également et avec une seule taxe d’aménagement majorée. Près de 200 000 m² de surface de plancher seront délivrés fin 2017. Toujours rive droite et plus au sud, face au quartier des Chartrons, Winy Maas et la SEM d’aménagement BMA développent la ZAC Bastide Niel. Déjà présent à Bastide Niel, l’écosystème Darwin abrite plus de 200 emplois et une cinquantaine d’entreprises et de start-up. Bastide Niel accueillera près de 3 000 logements, des commerces, un hôtel et des activités. 
Au sud, enfin, la grande opération d’intérêt national (OIN) Euratlantique va déployer ses 1 million de m² sur 20 ans. D’ores et déjà le siège de la Caisse d’épargne, le Fonds régional d’art contemporain (Frac), le siège de la Caisse des dépôts et retraites, le siège du groupe Fayat, logements et hôtels dessinent un futur grand quartier d’affaires et d’habitat. C’est donc bien la poursuite du projet urbain dont il s’agit ici, et que j’ai nommé « l’arc de développement durable ».
La troisième phase s’est ouverte quand Bordeaux est devenu métropole. Ce sont 55 000 ha qu’il s’agit maintenant d’aménager, et nos outils se sont donc enrichis. La FAB, Société publique locale de Bordeaux Métropole, a pour mission de réaliser 10 000 logements le long des corridors du tramway. Les communes se dotent, très légitimement de projets urbains. L’extension du réseau en tramway et en bus à haut niveau de service (BHNS) pose la question de l’urbanisme et de la densification à proximité de ces nouveaux tracés. La nature, enfin, ne s’impose non pas comme la part du feu de l’aménagement, mais bien, en ces périodes de réchauffement climatique, comme la chance pour la métropole de devenir un grand territoire durable.

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