Le retour des investisseurs institutionnels est l’une des composantes indispensables du plan d’urgence pour le logement, lancé en grandes pompes médiatiques la semaine dernière par le président de la République François Hollande. Si les projecteurs se sont focalisés davantage sur la baisse de la TVA dans le logement social, la prime à la rénovation énergétique ou la volonté de lever les blocages sur les opérations de construction, il n’aura pas échappé aux spécialistes la volonté du gouvernement de créer un statut du logement locatif intermédiaire. Une catégorie destinée aux classes moyennes sur laquelle François Hollande attend beaucoup des investisseurs institutionnels pour prendre le relais de la Caisse des dépôts qui va lancer, cette année, la construction de 10 000 logements via sa filiale SNI. Le Président de la République, sous le patronage duquel se sont menées les interminables discussions du soir avec les professionnels immobiliers, entend s’appuyer sur les conclusions du rapport Berger-Lefebvre sur l’épargne longue dans lequel pourrait se retrouver la proposition d’affecter une partie des ressources de l’assurance-vie au financement du logement intermédiaire.
Toutefois, la volonté du gouvernement se heurte à une certaine résistance des assureurs. Claude Tendil, le PDG de Generali France, a clairement exprimé ses réticences dans un entretien aux Echos. « L’assurance-vie n'est pas un couteau suisse capable de régler tous les problèmes de l'économie française : le financement de la dette, des PME, de l'immobilier… »
Une résistance accrue par le contexte économique, et qui frise même la défiance quand on l’analyse par le prisme de la presse anglo-saxonne. Ainsi, comme par hasard, cette semaine, Pierre Vaquier, PDG d’Axa Real Estate, annonce dans les colonnes du Financial Times sa volonté de réduire l’exposition en France de l’un des premiers gestionnaires d’actifs immobiliers au monde. Avec des arguments chocs. Une économie française qui tombe dans le ventre mou du classement mondial – « middle of the pack » pour reprendre l’expression anglaise – et une politique fiscale qui se révèle être un formidable épouvantail pour les investisseurs internationaux. Quels arguments alors pour l’inciter à venir sur l’une des classes d’actifs immobilier les moins rentables ?
Au travers de cette interview, le PDG d’Axa Real Estate et à ce titre le « Mr Immobilier » du premier assureur de France met un sérieux coup de canif à l’attractivité du pays, pourtant vantée encore par nombre d’investisseurs institutionnels. A croire que le plan d’urgence devrait être davantage sur la compétitivité que sur le logement. A ce dilemme, on serait tenté de répondre : « les deux mon général » !