Le bâtiment ne doit pas être un objet jetable

Repenser les bâtiments pour un nouveau cycle de 60 ans à l’ère du tout-jetable. C’est le pari et l’ambition des architectes Elizabeth Naud et Luc Poux, lauréats du concours Bas Carbone lancé par EDF et qui s’inscrit dans la démarche Pari(s) 2072. Une ambition testée grandeur nature sur le projet Davout (Paris 20^e), un immeuble de 68 logements sociaux commandé par la RIVP dans le cadre d’une opération mitoyenne de démolition-reconstruction. « Pour atteindre cet objectif, nous avons proposé au maître d’ouvrage cinq grandes séries de mesures qu’il est libre d’intégrer ou pas dans son bâtiment », explique Luc Poux. Du travail sur l’enveloppe à la réflexion sur les sous-sols en passant sur la mutabilité des espaces ou la densification : un menu chiffré et modélisé dans lequel chaque plat est indépendant. Un menu pour lequel le surcoût, dans une opération de construction, peut grimper jusqu’à 11 % si les cases sont toutes cochées. Mais un menu qui permet de dépasser le sacro-saint cycle de vie des 60 ans. « Notre thème, c’est la ville durable, une ville plus dense, une ville qui se reconstruit sur elle-même par sédimentation », poursuit-il. Spécialiste des grandes opérations de restructuration de bureaux comme Capital 8 ou de l’actuel siège social de Gecina, l’architecte plaide plus que jamais en faveur de la rénovation. « La démolition d’une barre de logements représente la consommation énergétique d’un bâtiment neuf pendant 18 ans », compare Luc Poux. « Les bâtiments bien construits mériteraient d’être rénovés. Car tous les bâtiments anciens n’ont pas vocation à devenir des musées. Aujourd’hui, à Paris, on entre dans une nouvelle ère : celle de la rénovation des immeubles qui ont déjà été rénovés ». Un nouveau cycle de vie, une vie qui pourrait durer un peu plus de 60 ans. Pour qu’un bâtiment ne soit pas, au bout de cette période, simplement un objet jetable mais un bien recyclable.