Les gourous de la consommation, ceux dont le métier consiste à nous expliquer comment pense et agit le consommateur sont au commerce un peu ce que sont les critiques à la littérature.
Leur gagne-pain devrait être classé dans la catégorie des métiers pénibles, car il leur faut trouver régulièrement et évidemment à chaque crise, des expressions qui vont faire tilt, nous surprendre, nous enchanter et en fin de compte nous faire croire qu’on n’avait jusqu’alors rien compris du comportement de ce fameux consommateur.
Parmi les inventions récentes on trouve le «consomm’acteur », « l’alter consommateur », « le chasseur de prix », un consommateur enfin décisionnaire de ses propres actes et se comportant comme un adulte.
Un grand pas pour le commerce donc !
Les publicitaires sont bien dans leur rôle en tentant de rendre un hommage appuyé, démagogique, populiste et un tantinet flagorneur à ces prétendus « consomm’acteurs »
Nous sommes tous amoureux de la langue française et accros aux néologismes paradoxaux qu’elle nous livre parfois.
En fin de compte, ce qu’il faut vraiment louer chez le consommateur français c’est sa capacité d’adaptation, sa faculté à dénicher les bonnes affaires, à se détourner des arnaques.
S’il y a bien quelque chose de clair dans l’identité nationale, c’est l’adhésion inconditionnelle des consommateurs français au concept de système D.
En période de crise singulièrement, le consommateur français va chercher à surtout ne rien changer à ses habitudes fondamentales, à son mode de vie, à ses « acquis » en matière de consommation.
Mais pour atteindre cet objectif de payer moins pour la même chose, il sait qu’il doit s’adapter, chercher les moyens de consommer comme avant, quitte à baisser de gamme, mais toujours à bien meilleur compte.
Ce sera donc au monde du commerce de s’adapter à ce nouvel exercice imposé : en donner autant et même plus pour moins cher.
On le sait en période de crise les commerçants qui sortent gagnants sont ceux qui savent répondre à cette triple adéquation : monter en qualité, baisser en prix, manager sa marque.
Seulement voila, de nouveaux modes de distribution se sont proposés aux « systèmes Déistes » et notamment le commerce électronique, sans frontières, sans contraintes d’horaires, avec des coûts d’exploitation bien plus faibles que pour le commerce moderne.
Le « système Déiste », en réalité, a complètement intégré ce nouveau mode de consommation dans son dispositif, et il va l’utiliser.
S’il a décidé de ne rien changer à son mode de vie, il doit forcément faire des économies et il est bien déterminé à y parvenir par tous les moyens à sa disposition et donc aussi en usant et abusant du Net.
Les commerçants physiques que ces « systèmes Déistes » intéressent vont s’adapter, doivent s’adapter.
Le commerce traditionnel souvent rétrograde et autiste, s’en lamente, mais le « système Déiste » dicte sa loi, il veut des prix, il veut des promotions, il veut des soldes, il veut des avantages économiques et aussi de la considération.
Les « systèmes Déistes » sont-il plus « consomm’acteurs » qu’avant ? J’en doute, de tous temps en France, il a été sur la brèche et a toujours cherché et trouvé des solutions.
En période de crise ou en perception de période de crise, le commerce moderne, les centres commerciaux, se doivent d’être à l’écoute de ces « système Déistes » et leurs apporter les solutions qu’ils cherchent faute de quoi, le monde étant à un click de leurs préoccupations, ils iront chercher ailleurs, à des conditions économiques adaptées, les produits et services qu’ils désirent acquérir.
On le sait, la fin de la crise leur permettra peut-être de se « lâcher » davantage mais en attendant, cessons de rêver au « bon vieux temps » et restons au contact de ces « systèmes Déistes » et rendons leur hommage : c’est eux qui nous soutiennent, c’est eux qui nous stimulent et c’est avec eux et les contraintes qu’ils nous imposent, que la France traverse mieux la crise que bien d’autres pays développés.
Rédactionnel Jean-Michel SILBERSTEIN, Délégué Général du CNCC