Commerce spécialisé : l’horizon s’assombrit

Le commerce spécialisé a connu son septième mois consécutif de baisse de son chiffre d’affaires, et « le mois de décembre n’a pas sauvé 2008 » explique-t-on au sein de la fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé Procos. Les enseignes spécialisées ont donc vu l’année dernière s’achever sur une note pessimiste : en décembre 2008, les boutiques de centre-ville et centres commerciaux ont enregistré une baisse de leurs chiffres d’affaires de - 3 % tandis que les moyennes surfaces des parcs d’activité périphérique accusent une évolution négative de - 6,1 % par rapport à décembre 2007, selon les derniers chiffres publiés par la Procos. Le chiffre d’affaires de 2007 s’élevait à 65,1 Mds€.
Pour le seul mois de décembre 2008, les enseignes ont fait état d’un démarrage extrêmement tardif des achats de Noël, et ce, sans phénomène de rattrapage. À cela, plusieurs raisons, fait valoir Michel Pazoumian, délégué général Procos : « Il est apparu que les consommateurs ont aussi réduit leurs dépenses et se sont tournés vers les prix les plus bas, tant pour les cadeaux que pour l’alimentation ». Les enseignes bien positionnées en termes de prix ou dont le rapport qualité-prix est ajusté semblent donc avoir tiré leur épingle du jeu ; tandis que celles davantage tournées vers le moyen/haut de gamme ont davantage souffert. Le tableau n’est pas totalement noir : certaines enseignes spécialisées se portent même bien ! C’est le cas d’Yves Rocher, spécialiste de l’hygiène-beauté, dont le vice-président directeur général, Bris Rocher, a reçu le prix Procos d’honneur 2009 ; ou de Phildar, la mercerie devenue spécialiste du prêt-à-porter.
Par ailleurs, des réajustements semblent s’opérer, notamment sur le segment de l’équipement de la personne : certaines enseignes moyenne gamme, désireuses de toucher une plus large cible, vont élargir leur offre et étudier de nouveaux concepts, et donc, de nouveaux positionnements en termes de prix. « La tendance de fond est aux prix bas », avance Michel Pazoumian. S’il n’y a, à ce jour, les adhérents de la fédération ne déplorent aucun drame – excepté le dépôt de bilan annoncé de l’enseigne de prêt-à-porter Morgan – tous sont en ordre de bataille, car l’horizon reste sombre. « Le climat est incertain et les tendances actuelles difficiles à analyser. En matière de prospective, je n’entrevoie pas d’amélioration notoire avant trois mois. Les soldes d’hiver qui succèdent à la période des fêtes, et se poursuivent toujours actuellement, n’ont globalement pas été excellents, ce qui risque de marquer quelque peu la tendance de ce début d’année », conclut, prudemment, Michel Pazoumian.