« Je crois en la force des lieux, dont la valeur ne peut se résumer à des ratios financiers »

Business Immo:Pour le monde de l’industrie immobilière, vous êtes le porteur du projet avorté de restructuration de l’Hôtel de la Marine. Quel est votre sentiment après les conclusions de la commission présidée par Valéry Giscard d’Estaing et chargée de réfléchir à l’avenir de cet immeuble ?
Alexandre Allard:Si le Président de la République suivait les recommandations de cette commission, la plus grande perdante dans cette histoire serait la France. Le projet La Royale est une opération à but quasi non-lucratif. C’est un projet pour lequel nous avons mis au point un modèle économique permettant de verser une soulte à l’Etat, de financer des travaux à hauteur de 250 Me et de valoriser un monument emblématique en respectant l’histoire du site et en le ré-ouvrant au public. C’est un projet qui traduit une vision nouvelle des bâtiments patrimoniaux où l’on dépasse la notion du prix au mètre carré, telle qu’on la conçoit dans l’immobilier. Nous ne sommes pas simplement un promoteur qui fait sa marge entre le prix du foncier additionné de celui des travaux et le prix de sortie de l’opération. Nous allons plus loin dans notre démarche en concevant un lieu de vie qui part, ici, d’un objet que l’on veut rendre culturel à 100 % tout en permettant à son propriétaire actuel – l’Etat, c’est-à-dire nous, les contribuables – de gagner de l’argent. L’Hôtel de la Marine est d’abord un lieu exceptionnel. Je crois en la force de ces lieux, dont la valeur ne peut se résumer à des ratios financiers. Combien vaudrait aujourd’hui Wall Street avec toute son histoire embarquée dans un seul immeuble au demeurant très classique ? Ce lieu n’a pas de prix ! C’est un peu ce que nous voulons construire Place de la Concorde avec le projet de transformation de l’Hôtel de la Marine, conduit notamment avec le concours de l’architecte Jean Nouvel.