« Le coworking peut constituer un relais de croissance important pour certains propriétaires et être intéressant pour de nombreux utilisateurs »

Business Immo : Pourquoi vous êtes-vous intéressé au coworking ?
Philippe Leigniel : C’est une nécessité pour un conseil en immobilier d’entreprise d’être attentif aux évolutions de son environnement de marché, à commencer par les évolutions des modes de travail. L'uberisation de l'économie et l’arrivée des générations Y et bientôt Z sur le marché bousculent les usages et entraînent une mutation de l’espace de travail, avec des conséquences encore mal cernées sur les immeubles de bureaux. Concentrer des collaborateurs au sein d’un même immeuble, avec pour seule logique l’efficience des mètres carrés, et leur imposer quotidiennement des trajets pendulaires entre leur domicile et leur lieu de travail n’est plus une solution pour l’entreprise, à l’heure de la guerre des talents et de l’hyper-connectivité permettant de travailler en tous lieux. Je m’intéresse personnellement à ce sujet depuis le début des années 2000. Ainsi j’avais imaginé le projet « Archipel ». Il s’agissait à l’époque, en 2001, de créer un réseau de centres tertiaires connectés qui permettait de rapprocher les bureaux des lieux de vie. Ce projet présentait plusieurs vertus comme l’amélioration de la qualité de vie des collaborateurs, la protection de l’environnement en limitant les trajets entre le bureau et le domicile, et aussi une nouvelle approche urbanistique en réinjectant de l’économie dans des villes devenues dortoirs. J’avais chiffré un potentiel de 40 à 80 centres tertiaires partagés en Île-de-France élargie, totalisant près de 450 000 m², soit moins de 1 % du parc de bureaux en Île-de-France. Ce projet n’avait pas alors rencontré le succès, arrivant peut-être trop tôt sur le marché. Depuis, les modes de travail ont évolué, le nomadisme et le télétravail, notamment, ont fortement progressé. En effet, d’après une étude Ipsos publiée à la fin 2016, 65 % des employés de bureau se déclarent intéressés par le travail nomade et le télétravail. La tendance est confirmée par les mesures publiques puisqu’un Plan national de déploiement du télétravail a été initié en 2016 et plus récemment, les ordonnances de la loi travail l’encadrent mieux et même l’encouragent.