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4 octobre 2019 | 19:00 CET

Un autre monde

Dans les salons et dans les cercles, une interrogation échauffe les esprits et alimente désormais les débats : jusqu’à quand ? 

Jusqu’à quand les banques centrales et mondiales entretiendront-elles une stratégie de taux d’intérêt bas, inaugurant assurément une nouvelle ère durable dans les politiques monétaires ? Jusqu’à quand les liquidités afflueront sur les marchés immobiliers, et notamment sur la destination France qui bat, sur fond de Brexit, des records de compétitivité ? Jusqu’à quand les investisseurs rivaliseront-ils d’imagination pour mettre sur pied, dans un contexte de raréfaction de l’offre, des stratégies alternatives d’investissement en matière de produits mais aussi de profils de risques ? 

À force d’annoncer un changement de cycle à l’image d’un retour de bâton, les prévisionnistes semblent avoir un peu perdu leurs repères économiques et financiers. Même le professeur Christian de Boissieu, dont vous retrouverez l’analyse dans les colonnes de Business Immo, l’avoue sans détours : « Nous nous sommes trompés. Un régime de taux bas qui a été vu comme une parenthèse n’en est peut-être plus une et devient même la nouvelle normalité. » Les mots sont lâchés : une nouvelle normalité. Par effet de domino, l’immobilier fait aussi l’expérience de cette nouvelle normalité, de ce nouveau monde où la baisse des taux conjuguée à la hausse des liquidités tient lieu de cadre global. Dans cette nouvelle épure qui semble échapper aux sacro-saint cycles et à cette crise qui, définitivement, ne vient pas, l’immobilier en général, hexagonal en particulier, retrouvent une autre saveur. 

À l’heure où la grand’messe de l’investissement Expo Real va ouvrir ses portes à Munich, s’interroger sur cette dynamique inédite et a priori durable est une nécessité. Mieux, un impératif. Après les années de financiarisation à outrance soldées par le trauma Lehman Brothers, l’immobilier entre dans un autre monde. Un monde où il va falloir vivre longtemps avec un décalage entre l’offre et la demande. Un monde où l’imagination doit prendre le pouvoir pour créer, au sens propre du terme, les produits de demain. Un monde où les investisseurs ont besoin d’être rassurés alors que les périls politiques, économiques et sociaux se multiplient et se conjuguent. L’immobilier est résilient et son environnement économique est stable, mais il ne pourra pas faire longtemps abstraction de la hausse des prix et du spectre de la spéculation qui rôde. Dans un environnement en pleine mutation, les yeux des spécialistes sont notamment rivés sur deux actifs qui inquiètent : le commerce, confronté à un nouveau paradigme, et le logement, qui fait face à de profondes fractures. Je rêvais d'un autre monde.